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LE VERDICT.

appuyées de preuves matérielles, il n’aurait à opposer que des dénégations.

Suivant la loi anglaise, le président se borna à leur demander s’ils plaidaient coupables ou non coupables[1].

« Non coupables ! » répondirent-ils ensemble et d’une voix forte.

Et alors ils n’eurent qu’à reprendre la déposition qu’ils avaient faite au premier procès, à redire ce que fut leur conduite en cours de navigation depuis l’embarquement à l’île Norfolk jusqu’au débarquement en rade d’Hobart-Town.

Ils affirmèrent que la valise rapportée à bord du brick ne contenait qu’un peu de linge et quelques vêtements. Quant au poignard malais, ils ne l’avaient point retrouvé sur l’épave et ne pouvaient s’expliquer comment il était en leur possession. À l’affirmation de Flig Balt, déclarant que ladite valise renfermait les papiers et l’argent du capitaine Gibson, ils opposaient le démenti le plus formel. Ou le maître d’équipage se trompait, ou il altérait sciemment la vérité.

« Dans quel but !… demanda le président.

— Dans le but de nous perdre, déclara Karl Kip, et pour se venger ! »

Ces paroles furent accueillies par une rumeur peu sympathique de l’auditoire.

C’était maintenant à l’attorney général, simple avocat qui remplissait les fonctions d’avocat volontaire de la Reine, d’interroger les témoins, d’examiner leurs dépositions. Puis ce serait au défenseur de procéder à un contre-examen.

Et alors, Flig Balt, interpellé, répondit :

« Oui… pendant la traversée de retour, je venais d’entrer dans le carré… À ce moment, un violent coup de mer rejeta la valise hors de la cabine des frères Kip dont la porte était ouverte… Des

  1. Guilty or not guilty.