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LES SUITES DE L’AFFAIRE.

lesquels on avait saisi les papiers et l’argent du capitaine. Il était de toute évidence que ces objets n’avaient pu être volés que par les assassins d’Harry Gibson, lequel, au moment du meurtre, les portait sur lui.

Puis, sous le linge contenu dans la valise, les agents avaient également saisi un poignard.

Mais une première question se posait : cette arme était-elle bien celle qui avait frappé le capitaine Gibson ?…

Or, à cet égard, comment hésiter à répondre par l’affirmative ? La blessure, découpée en dents de scie, ne pouvait provenir que d’un de ces kriss de fabrication malaise. Il serait facile, au surplus, de le constater sur la photographie que possédait M. Hawkins.

Il est vrai, en Mélanésie, ces kriss sont d’un usage courant. Les indigènes de Kerawara et de l’île York, ceux de la Nouvelle-Zélande et de la Nouvelle-Bretagne, s’en servent d’habitude comme arme de combat avec les zagaies et les javelines. Était-il donc certain que ce fut le kriss, appartenant à Karl Kip, qui eût été l’instrument du crime ?…

Oui… et la certitude matérielle de ce fait ne tarda pas à être établie.

Dans la matinée du 15 février, un trois-mâts anglais, le Gordon, de Sydney, vint jeter l’ancre dans le port d’Hobart-Town.

Trois semaines avant, ce navire avait quitté l’archipel Bismarck, après différentes relâches à Kerawara et à Port-Praslin.

Le courrier du Gordon contenait une lettre, accompagnée d’une petite boîte postale, à l’adresse de M. Hawkins.

Cette lettre venait de Port-Praslin. C’était M. Zieger qui l’avait écrite postérieurement aux nouvelles déjà parvenues à Wellington et transmises à M. Hawkins par son correspondant, M. Balfour, — nouvelles qui ne révélaient aucun incident nouveau relatif à l’enquête.