Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/329

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
307
LES SUITES DE L’AFFAIRE.

— Je sais… répondait M. Hawkins, je sais… Il y a ces preuves, et elles paraissent accablantes… Mais tant de souvenirs s’élèvent en moi !… Je doute… et à moins que ces infortunés ne soient amenés à confesser leur crime…

— Mon ami, reprenait Mme Hawkins, est-ce que tu tiendrais ce langage devant Nat ?…

— Non… il ne comprendrait pas… À quoi bon intervenir dans l’état de surexcitation où il vit !… Attendons le procès… Qui sait si Karl et Pieter Kip ne parviendront pas à se disculper !… Et, même s’ils sont condamnés, je dirai : Attendons l’avenir ! »

Après la perquisition effectuée dans la chambre de l’auberge du Great-Old-Man, l’affaire n’avait plus qu’à suivre son cours régulier devant la juridiction criminelle. Elle serait rapidement instruite, d’ailleurs. Les seuls témoins qui pussent être appelés séjournaient à Hobart-Town. Quant aux informations à recueillir en Hollande sur la famille des deux frères, sur leur situation personnelle, sur leurs antécédents, le télégraphe pouvait les apporter en vingt-quatre heures. L’enquête n’exigerait ni lointaines recherches, ni longues documentations.

Trois jours s’écoulèrent, et le 25, à la date fixée, le Skydnam mit en mer, après que le capitaine Fork eut fait choix d’un autre second. Ni Karl, ni Pieter Kip n’étaient à bord, et M. Hawkins eut le cœur déchiré en assistant à ce départ !

On l’imaginera sans peine, Flig Balt et Vin Mod croyaient n’avoir plus rien à craindre au sujet du crime de Kerawara. Qui eût pu pénétrer dans cette épouvantable machination où deux innocents venaient d’être englobés, qui les enserrait de ses liens, dont il leur serait impossible de se dégager ?…

En effet, seuls le maître d’équipage et son complice avaient combiné cette odieuse manœuvre. Ni Sexton, ni Bryce, ni le cuisinier Koa n’en avaient le plus léger soupçon, et ils ne furent pas les