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LES FRÈRES KIP

Aussi quelle fut leur stupeur, et quel fut également le sentiment d’horreur qui courut toute la ville, lorsque, ce jour même, se répandit le bruit que la perquisition confirmait le dire de Flig Balt !…

Les agents s’étaient rendus à l’auberge du Great-Old-Man… La valise, désignée par le maître d’équipage, avait été ouverte et visitée…

Sous le linge qu’elle renfermait on avait saisi, avec une somme de soixante livres en piastres, les papiers du James-Cook volés au capitaine Gibson…

Et puis — preuve peut-être plus concluante encore — dans la valise était cachée une arme… un poignard malais… un kriss à lame dentelée… Or, les constatations relevées à Kerawara, la photographie prise par M. Hawkins, démontraient indubitablement que la blessure du capitaine avait été faite avec une arme de ce genre…

Ce n’étaient donc plus de simples présomptions qui s’élevaient contre les frères Kip, mais des preuves formelles, des preuves matérielles, telles que l’avait annoncé Flig Balt en pleine audience… Et, ce qui ne permettait pas de contester la véracité du maître d’équipage, c’est qu’il n’avait même rien dit de ce kriss malais, c’est qu’il ne le savait pas en la possession des deux frères, car il en eût parlé comme il avait fait des papiers et des piastres d’Harry Gibson…

Mais, on s’en souvient, Jim l’avait vu, ce poignard, placé sur une tablette de la cabine par Vin Mod, et que celui-ci retira aussitôt après la sortie du mousse. Et qui sait si le jeune garçon ne devrait pas déposer de ce fait dans le procès Kip, joignant ce témoignage accablant à celui du maître d’équipage ?…

On le voit, la trame ourdie par ce misérable Vin Mod était forte et résistante. Tous les moyens employés pour compromettre, pour perdre les deux frères avaient réussi. Pourraient-ils jamais éclaircir cette obscure affaire, et détruire la terrible accusation qui pesait sur eux ?…