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V

les suites de l’affaire.


L’effet de cette dernière déclaration du maître d’équipage ne saurait se décrire. Dans l’auditoire une longue et pénible rumeur se prolongea que le président eut quelque peine à réprimer. Tous les regards étaient fixés vers les deux frères, maintenant sous le coup d’une accusation capitale. Karl et Pieter Kip, immobiles, conservaient l’attitude d’hommes dont la surprise égale l’horreur. L’aîné, de tempérament impétueux, menaçait du geste l’odieux Flig Balt. Le plus jeune, la figure pâle, l’œil humide, les bras croisés, se contentait de hausser les épaules, en signe du plus profond mépris pour son accusateur.

Puis, tous deux, sur l’ordre du président, quittant le banc des témoins, s’avancèrent jusqu’au pied de l’estrade, accompagnés d’agents chargés de les garder à vue.

M. Hawkins, Hobbes, Wickley, Burnes, le mousse Jim, après un premier murmure de protestation qu’ils n’avaient pu retenir, restaient silencieux, tandis que Sexton, Bryce et Koa échangeaient quelques mots à voix basse.

Nat Gibson, la tête inclinée, les mains fébriles, les traits convulsés, se cramponnait à son banc. Et, lorsque ses yeux se relevaient vers les frères Kip, il s’en échappait un regard de haine. Est-ce donc que l’absolue conviction de leur culpabilité s’était déjà faite en lui !…

Quant à Vin Mod, impassible, il attendait le résultat de la