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DEVANT LE CONSEIL MARITIME.

ils furent pénétrés lorsque Karl Kip observa le changement de direction imprimé au navire. Il ne doutait pas que cela ne se fit dans une intention criminelle, maintenant dévoilée par la tentative de révolte.

Quant aux dépositions des matelots Wickley, Hobbes, Burnes, du mousse Jim, elles concordèrent. On constata qu’ils avaient été poussés à se mettre en rébellion. S’ils furent surpris par la scène du 30 décembre — avant d’avoir pu prévenir le capitaine Kip, — du moins se rangèrent-ils de son côté.

Aussi le président leur adressa-t-il les éloges que méritait leur conduite en ces circonstances.

Les dépositions des témoins à charge étant terminées, on procéda donc à la comparution des autres, plus ou moins compromis dans l’affaire, et qui ne devaient pas être sans quelque inquiétude sur la manière dont elle tournerait pour eux.

Vin Mod fut le premier interrogé sur ce qu’il savait.

Il n’y avait aucune franchise à attendre d’un homme si astucieux. Il parla de façon à dégager toute sa responsabilité… Il ne pensait pas que Flig Balt eût jamais eu l’intention de modifier la route du brick comme le supposait Karl Kip… Flig Balt était un bon marin… il avait fait ses preuves… on ne pouvait qu’approuver sa manœuvre pendant la tempête, et c’était injustice de l’avoir démonté de son commandement…

« Assez ! » dit le président, que révoltaient le ton et l’attitude de Vin Mod.

Celui-ci regagna sa place, non sans avoir lancé un regard significatif à Flig Balt, qui répondit d’un geste imperceptible. Et ce regard voulait dire :

« Parle… il est temps ! »

Les dépositions de Sexton et de Kyle furent sans importance. Encore mal remis des libations de la veille, sous l’influence d’une