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LES FRÈRES KIP

« Une seconde tentative n’était plus à craindre. La navigation continua dans des circonstances favorables. Le 31 décembre, le James-Cook doublait le cap Pillar et le surlendemain arrivait au mouillage d’Hobart-Town.

« Voilà ce que j’avais à dire, ajouta Karl Kip, et je n’ai rien dit qui ne soit la vérité. »

Sa déposition achevée, il regagna le banc des témoins, avec la certitude qu’on accordait une foi entière à son témoignage. Lorsqu’il fut revenu près de M. Hawkins et de Nat Gibson, tous deux lui serrèrent affectueusement la main.

« Accusé, qu’avez-vous à dire ?… demanda le président.

— Rien ! » répondit encore Flig Balt.

Les autres témoins comparurent successivement à la barre, et leurs dépositions ne firent que confirmer celle de Karl Kip.

M. Hawkins avoua ses erreurs au sujet du maître d’équipage, — erreurs entièrement partagées par Harry Gibson, qui avait dans Flig Balt une confiance absolue. Aussi, après le meurtre commis à Kerawara, n’hésita-t-il pas à lui confier le commandement du brick pour le voyage de retour. En majorité, l’équipage semblait l’avoir approuvé. Mais, lorsque la tempête assaillit le navire dans le nord de la mer de Corail, il fallut bien reconnaître que le nouveau capitaine était incapable de remplir ses fonctions… Il perdit tout sang-froid, et le James-Cook eût assurément sombré sans l’intervention de Karl Kip, auquel M. Hawkins a voulu publiquement témoigner sa reconnaissance.

Nat Gibson, qui fut mandé à la barre après l’armateur, ne put que confirmer cette déposition. Mais, lorsqu’il eut à parler de son père, on sentit de quelle colère il était animé contre les assassins !…

Pieter Kip reprit en l’abrégeant le récit que son frère venait de faire devant le Conseil. Il remit en lumière les défiances que leur avait toujours inspirées le maître d’équipage, et les soupçons dont