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DEVANT LE CONSEIL MARITIME.

ne compromettaient pas la sécurité du navire, je m’abstins d’en parler au capitaine.

« À la date du 20 novembre, le James-Cook mouillait à Port-Praslin pour y débarquer sa cargaison et s’y réparer. Sa relâche dura neuf jours, puis il se rendit à Kerawara, la capitale de l’archipel Bismarck.

« Ce fut là, dans la soirée du 2 décembre, que le malheureux capitaine Gibson tomba sous les coups d’assassins qui sont restés inconnus jusqu’à ce jour… »

Ces paroles étaient empreintes d’une telle douleur que l’auditoire ne put retenir les marques de son émotion.

À ce moment, Flig Balt, qui écoutait la tête baissée, se redressa sur son banc, se leva même, dans l’attitude d’un homme incapable se contenir.

Le président lui demanda alors s’il avait quelque chose à dire au Conseil.

« Rien !… », répondit le maître d’équipage.

Et il se rassit, après avoir rapidement jeté l’œil du côté de Vin Mod, qui, très énervé, commençait à témoigner d’une vive impatience.

À cet instant aussi, Karl Kip lança un regard si pénétrant sur Flig Balt que celui-ci baissa les yeux.

Karl Kip reprit sa déposition. Harry Gibson mort, il fallait remettre à un autre le commandement du navire. Il ne se trouvait ni à Port-Praslin ni à Kerawara aucun capitaine anglais qui pût le remplacer. Il était donc tout indiqué que ces fonctions fussent confiées au maître d’équipage. Mais, dans la pensée de Karl Kip, le James-Cook serait remis entre les mains d’un homme incapable et malhonnête.

« Cependant, ajouta-t-il, M. Hawkins n’aurait pu s’en dispenser, et Flig Balt fut tout d’abord chargé de reconduire le brick