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DEVANT LE CONSEIL MARITIME.

Le président, interrogeant Flig Balt, lui demanda ce qu’il avait à répondre au sujet de l’accusation portée contre lui.

« Rien, déclara simplement le maître d’équipage.

— Vous reconnaissez les faits qui sont mentionnés dans le rapport ?…

— Je les reconnais. »

Ces quelques mots furent prononcés d’une voix très nette qui surprit l’auditoire.

« Vous n’avez rien à ajouter pour votre défense ?… reprit le président.

— Pas un mot », répondit Flig Balt, et, considérant son interrogatoire comme terminé, il se rassit.

Vin Mod qui regardait ne fut pas sans ressentir une certaine appréhension.

Est-ce que Flig Balt n’avait pas laissé passer l’instant de tout dire ?… Et lui, Vin Mod, ne s’était-il pas trompé au signe que lui avait fait le maître d’équipage ?… Celui-ci n’aurait pas compris ni même reçu la communication de Kyle… Eh ! qu’importait, après tout !…

Si Flig Balt ne parlait pas, Vin Mod parlerait, lorsqu’il serait appelé à déposer.

Len Cannon, interrogé à son tour, ne fit que des réponses évasives, feignant de ne point comprendre les interrogations du président, et, sans doute, Flig Balt lui avait recommandé de parler le moins possible.

Vin Mod eut alors la pensée que le maître d’équipage voulait laisser s’étendre les débats, les témoignages se produire, — entre autres celui de Karl Kip. En prévision de l’accusation qu’il s’apprêtait à lancer contre eux, mieux valait que les deux frères se fussent expliqués devant le Conseil.

Et Vin Mod de se dire :