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LES FRÈRES KIP

moins rassuré que Flig Balt, c’est que Flig Balt ne lui avait rien dit de la communication dont Kyle était chargé. Mais cette communication avait-elle été faite, ou Flig Balt ne savait-il rien encore ?… C’est à cela que pensait très anxieusement Vin Mod.

En réalité, Kyle avait réussi. Flig Balt et lui s’étaient rencontrés le matin même. Le maître d’équipage pouvait accuser. À un regard interrogateur que lui adressa Vin Mod, il répondit par un geste qui ne laissa plus aucun doute à celui-ci.

« Et maintenant, se dit-il, la mèche est allumée… gare la bombe ! »

Le président donna la parole au rapporteur. Ce rapport résuma brièvement toute l’affaire. Il indiqua dans quelles circonstances Flig Balt avait reçu le commandement du James-Cook ; dans quelles conditions ce commandement avait dû lui être retiré ; comment, pour cause d’incapacité notoire, Flig Balt, fut remplacé par le marin hollandais Karl Kip, passager à bord ; comment il avait poussé l’équipage à la rébellion contre le nouveau capitaine, et s’était mis à la tête des rebelles, assurément dans le but de s’emparer du navire.

En ce qui concernait Len Cannon, il était impossible de ne pas voir en lui un complice de Flig Balt. C’était lui, grâce à son influence sur ses camarades recrutés à Dunedin, qui les avait entraînés… De plus, il s’était signalé dès le début de la révolte par ses excitations et ses violences… Après s’être jeté, un couteau à la main, sur Karl Kip, il n’avait reculé qu’au moment où le revolver de celui-ci se posait sur sa poitrine… Il n’y avait donc pas à mettre en question sa complicité et sa culpabilité.

Lorsque le rapporteur eut achevé sa lecture, il réclama le maximum de la peine contre les accusés.

À ce moment, les témoins quittèrent l’audience et se retirèrent dans une salle voisine.