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DEVANT LE CONSEIL MARITIME.

— Je retournerai à Kerawara, dit Nat Gibson. Oui… j’y retournerai !… »

Et qui sait si Nat ne mettrait pas ce projet à exécution !

Cette conversation fut suspendue à l’entrée des membres du Conseil maritime, qui vinrent se placer sur l’estrade : un commodore, un capitaine et un lieutenant, assistés du rapporteur qui avait rédigé l’acte d’accusation.

L’audience ouverte, le président donna l’ordre d’introduire les accusés.

Flig Balt et Len Cannon, conduits par des agents, allèrent s’asseoir l’un près de l’autre sur le banc à gauche du tribunal.

Le maître d’équipage paraissait être très sûr de lui, la figure calme, la physionomie froide, le regard indifférent. Mais s’il parvenait à réfréner les sentiments qui l’agitaient sans doute, toute sa personne dénotait une profonde astuce.

Et ce fut comme une révélation qui s’opéra dans l’esprit de M. Hawkins. Il voyait pour la première fois Flig Balt tel qu’il était réellement. Oui !… comment le capitaine Gibson et lui-même avaient-ils pu être aveuglés à ce point d’avoir mis toute leur confiance en cet homme, de s’être laissé prendre aux manières obséquieuses de ce fourbe !…

Mais ce qui étonnait M. Hawkins n’était pas pour étonner les frères Kip. On ne l’a point oublié, le maître d’équipage leur avait toujours inspiré une réelle antipathie, ce dont celui-ci n’avait pas été sans s’apercevoir.

Quant à Len Cannon, son attitude ne prévenait guère en sa faveur. Il jetait des regards sournois à droite et à gauche, tantôt à Vin Mod, tantôt à Sexton ou à Bryce, se demandant peut-être pourquoi ils n’étaient pas assis sur ce banc, puisqu’ils en avaient fait tout autant que lui…

Si donc, — ainsi que le pensa Vin Mod, — Len Cannon paraissait