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DEVANT LE CONSEIL MARITIME.

position du public, des négociants, des armateurs, des officiers de la marine marchande, des journalistes ; puis, tout au fond, nombre de matelots sortis des tavernes du voisinage et probablement très favorables aux accusés.

M. Hawkins et Nat Gibson, arrivés au début de l’audience, s’assirent sur les sièges réservés aux témoins.

Les frères Kip pénétrèrent dans la salle quelques instants après, et échangèrent avec eux de sympathiques poignées de main.

Ce jour-là, la présence de Karl Kip n’était pas indispensable à bord du Skydnam. L’embarquement des marchandises venait d’être achevé la veille. En fait de réparations, il n’y avait plus que des raccords à faire. Le charbon remplissait les soutes ; la machine était en état ; l’équipage avait pris son service. Dans trois jours, au lever du soleil, le steamer ferait ses préparatifs d’appareillage.

Aussi, dès ce soir même, Karl et Pieter Kip, se proposant de venir occuper leurs cabines, devaient-ils quitter la chambre de l’auberge du Great-Old-Man.

Sur un banc, derrière eux, les matelots Hobbes, Wickley, Burnes, avaient pris place, également le mousse Jim, auquel M. Hawkins et Nat Gibson donnèrent un amical bonjour.

Puis, sur un autre banc étaient rangés Vin Mod, Sexton, Bryce, le cuisinier Koa, dont l’énorme face noire grimaçait et qui s’étonnait sans doute de ne pas figurer parmi les accusés.

Seul, Kyle manquait. Kyle n’avait pas été relâché et il ne le serait pas avant quarante-huit heures, ayant trop accentué son rôle de faux ivrogne en se débattant contre les policemen.

Au surplus, sa déposition n’aurait eu aucune importance ; mais ce dont s’inquiétait Vin Mod, c’était de savoir si Kyle avait pu communiquer dans la prison avec Flig Balt, s’il lui avait dit ce qu’il devait lui dire de sa part. Peut-être, après tout, cette inquiétude se dissiperait-elle, dès que le maître d’équipage et lui se trouve-