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LES FRÈRES KIP

monta l’escalier, se glissa sur le balcon, regarda à travers la fenêtre, dont les persiennes n’avaient pas été refermées.

Après avoir écouté, n’entendant aucun bruit à l’intérieur, il eut la certitude que la chambre était vide en ce moment.

Précisément, ce soir-là, Karl et Pieter Kip dînaient chez M. Hawkins, et ne devaient pas regagner leur logis avant dix ou onze heures.

Ainsi, Vin Mod était servi par les circonstances, le temps ne lui manquerait pas pour agir, et il ne courait point le risque d’être surpris.

Il revint donc dans sa chambre, et, ouvrant une armoire, en retira différents papiers, auxquels il joignit une certaine quantité de piastres, valant environ de trois à quatre livres malaises, puis le kriss avec lequel Flig Balt avait frappé le capitaine Gibson.

Quelques instants après, Vin Mod pénétrait dans le logement des deux frères, sans avoir eu à briser un carreau de la fenêtre, restée entrouverte.

Cette chambre, il en connaissait bien la disposition pour y avoir maintes fois plongé ses regards, lorsqu’il venait surprendre la conversation de Karl et de Pieter Kip. Il n’eut même pas besoin de s’éclairer, ce qui aurait pu le trahir. Il savait comment étaient rangés les meubles, où se trouvait placée sur un escabeau la valise qui avait été retirée de la Wilhelmina.

Cette valise, Vin Mod n’eut qu’à en desserrer les courroies. Après en avoir soulevé le linge qu’elle contenait, il y glissa les papiers, les piastres, le poignard, et la referma.

« C’est fait ! » murmura-t-il.

Il sortit par la fenêtre, dont il ramena les battants derrière lui, suivit le balcon et rentra dans sa chambre.

Un instant plus tard, Vin Mod redescendait l’escalier, atteignait la rue, et se dirigeait vers l’auberge des Fresh-Fishs, où devaient l’attendre Sexton, Kyle et Bryce.