Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/295

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
273
DERNIÈRE MANŒUVRE.

Est-ce qu’il n’a pas fait ses preuves, quand il a pris de lui-même, par instinct, le commandement de notre navire ?… Est-ce que j’ai eu à me repentir un instant de l’avoir nommé à la place de ce misérable Flig Balt qui nous avait mis en perdition ?… Oui… Karl Kip est un vrai marin !…

— Nous le verrons à l’œuvre, monsieur Hawkins, répondit le capitaine Fork, et, comme je n’en doute pas, si Karl Kip justifie pendant cette traversée la bonne opinion que nous avons de lui, la maison Arnemniden en tiendra compte, et son avenir est assuré…

— Oui, il la justifiera, déclara M. Hawkins d’un ton convaincu, il la justifiera ! »

On le voit, l’armateur était, non sans raison, tout acquis aux deux frères. Ce qu’il pensait de l’aîné, il le pensait du cadet, ayant reconnu chez Pieter Kip une remarquable entente des affaires commerciales. Aussi tenait-il pour certain qu’il replacerait sur un bon pied la maison de Groningue, grâce aux relations qui s’établiraient avec la Tasmanie et la Nouvelle-Zélande.

On comprend de quels sentiments de gratitude les deux frères étaient animés envers M. Hawkins, qui leur rendait de tels services. Ils le voyaient le plus souvent possible, et, parfois, la journée achevée, s’asseyaient à sa table. Mme Hawkins partageait les sentiments sympathiques de son mari pour ces hommes d’intelligence et de cœur. Elle aimait à s’entretenir avec eux, à causer de leurs projets d’avenir. De temps en temps, Nat Gibson venait passer la soirée dans cette hospitalière maison. Il s’intéressait vivement aux démarches de Pieter Kip… Dans quelques jours, le Skydnam aurait pris la mer… L’année ne s’écoulerait pas sans qu’il fût de retour à Hobart-Town… Ce serait une satisfaction de se revoir…

« Et, disait M. Hawkins, c’est le capitaine Kip, commandant le