Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/286

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
264
LES FRÈRES KIP

et c’est déjà une heureuse circonstance… Mais il en est une autre non moins heureuse…

— Est-ce donc, frère, que la bonne chance nous reviendrait, après tous les malheurs qui nous ont accablés ?… Est-ce que nous en aurions fini avec ces épreuves ?…

— Peut-être, et voici ce qu’il y aurait lieu d’attendre dans l’avenir. Je sais que le capitaine Fork, qui commande le Skydnam, en est à son dernier voyage. C’est un homme déjà âgé, dont la position est faite, et il doit se retirer dès son retour en Hollande. Or, si, pendant la traversée, j’ai donné satisfaction à la maison Arnemniden, il n’est pas impossible que je sois appelé à remplacer M. Fork dans les fonctions de capitaine, lorsque le Skydnam reprendra la mer. Dans ce cas, je n’aurais plus rien à ambitionner…

— Et ce qui serait heureux pour toi, frère, répondit Pieter Kip, le serait sans doute aussi pour nos affaires…

— Je le pense, affirma Karl Kip. D’ailleurs, je n’ai pas encore perdu tout espoir, et pourquoi les choses ne s’arrangeraient-elles pas mieux que nous n’avons pu le penser ?… Nous avons de bons amis à Groningue… notre père y a laissé la réputation d’un honnête homme…

— Et, en outre, ajouta Pieter Kip, nous nous sommes créé ici quelques relations… L’appui de M. Hawkins ne nous fera pas défaut… Qui sait si, grâce à lui, nous ne pourrons pas établir des rapports commerciaux avec Hobart-Town… et avec Wellington par M. Hamburg… et avec l’archipel Bismarck par M. Zieger ?…

— Ah ! cher frère ! s’écria Karl Kip, voilà que tu t’envoles à tire-d’aile vers l’avenir…

— Oui… oui… Karl, et j’espère bien éviter une chute trop rude dans le présent… Je ne crois pas me faire illusion… Il y a là un enchaînement de bonnes chances dont nous devons tirer parti…