Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/281

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
259
PROJETS D’AVENIR.

éclairée seulement par la faible lumière d’une lampe à pétrole. Vin Mod était à même, non seulement d’écouter mais de voir à l’intérieur. Cette chambre ne renfermait qu’un modeste mobilier, deux lits en fer accotés aux angles, une armoire grossière, une table au milieu, une toilette à trépied, trois chaises de bois courbe. Dans la cheminée se dressait un foyer plein de vieilles cendres.

Un escabeau supportait la malle recueillie sur l’épave de la Wilhelmina. Elle contenait tout ce qui appartenait aux deux frères : ce qui leur restait du naufrage, ce qu’ils s’étaient procuré à Hobart-Town, du linge et autres objets achetés avec l’argent versé par la caisse de la maison Hawkins. Quelques habits, acquis dans les mêmes conditions, étaient accrochés à un portemanteau à droite de la porte d’entrée, laquelle s’ouvrait sur un couloir commun à plusieurs chambres, — entre autres celle occupée par Vin Mod.

Pieter Kip, assis devant la table, compulsait les différents papiers relatifs au comptoir d’Amboine, lorsque son frère entra et s’écria d’une voix satisfaite :

« J’ai réussi, Pieter… j’ai réussi !… Notre retour est maintenant assuré !… »

Pieter Kip comprit que ces paroles se rapportaient à certaines démarches commencées depuis plusieurs jours, en vue d’obtenir la place de second officier sur un des navires hollandais qui se préparaient à quitter prochainement Hobart-Town pour un port de l’Europe.

Pieter Kip saisit les mains de son frère, les serra affectueusement et dit :

« Ainsi la maison Arnemniden t’accepte comme second du Skydnam ?…

— Oui, Pieter, et grâce à la pressante recommandation de M. Hawkins…

— L’excellent homme à qui nous devons tant déjà…