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LES FRÈRES KIP

de la boxe. De terribles ripostes venaient de renverser Kyle et Bryce, la mâchoire à demi brisée ; mais ils se relevèrent pour secourir leurs compagnons que les Irlandais acculaient dans un coin.

L’avantage était tantôt pour les uns, tantôt pour les autres, et la victoire ne pourrait être décidée que par une intervention du dehors. Les cris : « Au secours ! à l’aide ! » dominaient au milieu du vacarme. Toutefois les voisins ne s’inquiétaient guère de ce qui troublait la taverne des Three-Magpies, de ces batailles entre matelots passées à l’état chronique. Inutile, n’est-il pas vrai, de se risquer en de pareilles bagarres. C’est l’affaire des policemen, et, comme on dit, ils sont payés pour cela.

La bagarre continuait donc plus acharnée à mesure que la colère tournait à la rage.

Les tables avaient été culbutées. On s’assommait avec les escabeaux. Les couteaux sortirent des poches, les revolvers des ceintures, et des détonations éclatèrent au milieu de l’horrible tumulte.

Cependant l’hôtelier manœuvrait toujours pour gagner soit la porte de la rue, soit la sortie sur la cour, lorsqu’une douzaine d’agents firent irruption précisément par le derrière de la maison. Il n’avait pas été nécessaire de courir à leur bureau sur le quai. Dès qu’ils eurent été prévenus par des passants qu’on se cassait la tête dans la taverne d’Adam Fry, ils s’y rendirent, sans trop se presser, et, de ce pas d’ordonnance qui distingue le policier anglais, ils arrivèrent en assez grand nombre pour assurer l’ordre public. Au surplus, entre ceux qui attaquaient et ceux qui résistaient, il est probable qu’ils ne verraient aucune différence. Ils savaient que les uns ne valaient pas mieux que les autres. En arrêtant tout le monde, ils étaient assurés de faire bonne besogne.

Du reste, bien que la salle ne fût que vaguement éclairée, les