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HOBART-TOWN.

Que la capitale de la Tasmanie mérite l’admiration des touristes, cela n’est pas douteux. C’est l’une des plus jolies cités de l’Australasie britannique. Ses rues sont larges, aérées, bien entretenues, égayées de verdure et rafraîchies d’ombrages, ses maisons petites mais agréablement disposées. Les squares ne lui font pas défaut, et elle possède un magnifique parc d’une contenance de quatre cents hectares, que domine à l’ouest le mont Wellington dont les cimes neigeuses se perdent entre les nuages.

Pendant ces promenades, Karl et Pieter Kip rencontrèrent assez souvent quelques matelots du James-Cook, entre autres Vin Mod et Bryce. Ces matelots étaient-ils en quête d’un embarquement, ou se proposaient-ils de rester un certain temps à terre ?… Dans tous les cas, il semblait bien que ces deux hommes ne devaient guère se séparer, car on les voyait courir la ville ensemble. Mais, ce dont Karl et Pieter Kip ne s’aperçurent pas, c’est que Vin Mod et Bryce n’avaient cessé de les suivre alors qu’ils cherchaient un logement.

Que les deux matelots prissent intérêt à cette question, les frères Kip n’en eussent pas douté, s’ils avaient entendu l’un répéter maintes fois à l’autre :

« Ils n’en finiront donc pas !… Ils sont donc bien exigeants dans le choix d’un hôtel !…

— Leur poche est pourtant vide, ou à peu près…, faisait observer Bryce.

— À moins que cet animal d’armateur — que le diable étrangle — n’ait eu soin de la remplir…

— Et pourvu qu’il ne leur offre pas de les héberger !… reprenait Bryce.

— Non, par exemple, non !… s’écriait Vin Mod. Je leur paierais plutôt n’importe où une belle chambre à dix schillings par jour ! »

Ces propos, échangés entre Vin Mod et Bryce, prouvaient deux