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HOBART-TOWN.

prison du port, où ils seraient écroués jusqu’au jour de leur comparution devant le Conseil maritime.

Du reste, presque aussitôt après leur départ, Karl Kip fit appeler Vin Mod, Sexton, Bryce et le cuisinier. Puis, sans plus d’explications, il les congédia avec défense de reparaître à bord, n’importe sous quel prétexte. Ils pouvaient se rendre aux bureaux du comptoir Hawkins, où l’on réglerait leur dû.

Vin Mod s’attendait à cette mesure, et, sans doute, elle le satisfaisait. Il descendit dans le poste et remonta sur le pont avec son sac. Quant à Sexton et à Bryce, on se rappelle dans quelles conditions ils avaient embarqué à Dunedin pour échapper à la police après les incidents de la taverne des Three-Magpies, et, tout leur équipement, ils le portaient sur eux.

« Venez », leur dit Vin Mod.

Et ils suivirent le matelot, qui les mena d’abord aux bureaux de l’armateur, puis chez un logeur de sa connaissance, où tous trois prirent gîte.

Maintenant, avec Hobbes, Wickley, Burnes, Jim, Karl Kip n’avait plus rien à craindre. Ces braves gens suffiraient au service du bord. Puis, la cargaison mise à terre, le James-Cook entrerait en désarmement.

Ce que fut cette nuit que Nat Gibson passa près de sa mère, on ne saurait le peindre. Mme Hawkins n’avait pas voulu quitter la malheureuse femme, et quels soins auraient été plus dévoués que les siens, quelles amitiés plus consolantes !… Il fallut lui raconter toute cette douloureuse histoire… Il fallut lui dire dans quelles circonstances l’infortuné capitaine avait été frappé, sans qu’on eût pu se mettre sur les traces de l’assassin… Il fallut lui indiquer en quel coin du petit cimetière de Kerawara reposait son mari… Il fallut enfin lui montrer la photographie que M. Hawkins avait faite… Elle insista pour la voir, et comment se refuser à son désir !… Et lors-