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LES FRÈRES KIP

— Sauf trois ou quatre que je débarquerai, je puis compter sur eux.

— Bien, monsieur, dit l’officier, je vais vous envoyer un piquet de constables, et les rebelles seront enfermés dans la prison du port. »

Un quart d’heure plus tard arrivaient plusieurs agents, qui se placèrent à l’avant, près du panneau.

Flig Balt, Len Cannon et Kyle furent alors extraits de la cale et conduits sur le pont.

Le maître d’équipage, les dents serrées, sans prononcer une parole, se borna à lancer sur Karl Kip un regard de haine et de vengeance. Len Cannon, plus démonstratif, le menaça du poing et le salua d’une bordée d’injures telles qu’un des constables dut le bâillonner.

Pendant ce temps, Vin Mod, tapi derrière le cabestan, se redressant jusqu’à l’oreille de Flig Balt, lui dit de manière à n’être entendu de personne :

« Tout n’est pas fini… Faites ce qui est convenu… On trouvera les papiers et l’argent… »

Évidemment, Vin Mod, en dépit des précautions prises depuis l’incarcération du maître d’équipage, avait pu communiquer avec lui. Un plan était arrêté entre eux, auquel Flig Balt n’aurait qu’à se conformer. Aussi, aux quelques mots prononcés par son complice, répondit-il d’un geste affirmatif.

Lorsque les constables se préparèrent à emmener les trois prisonniers, des murmures se produisirent dans le groupe que formaient Sexton, Bryce et le cuisinier Koa. Mais ces murmures furent aussitôt réprimés, et il s’en fallut de peu que Karl Kip n’envoyât les deux recrues rejoindre leurs compagnons.

Un instant après, Flig Balt, Len Cannon, Kyle, débarquaient sur le quai, et, suivis d’une foule bruyante, ils étaient conduits à la