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HOBART-TOWN.

On fit avancer une voiture où fut déposée Mme Gibson, évanouie, près de Mme Hawkins. M. Hawkins et Nat Gibson prirent place en face d’elles. Puis la voiture, contournant le port, se dirigea vers cette maison où revenait le fils et dans laquelle le père ne devait plus jamais revenir. La malheureuse veuve fut transportée dans sa chambre sans avoir recouvré connaissance. Il se passa plus d’une heure avant qu’elle pût répondre par des larmes aux sanglots de son fils.

Cette funeste nouvelle courut aussitôt toute la ville. La consternation fut profonde, tant la sympathie de tous était acquise à cette honnête famille Gibson. Et puis, est-il rien de plus attristant que le retour au port d’attache d’un bâtiment qui ne ramène pas son capitaine ?…

Avant de partir, l’armateur avait demandé à Karl Kip de continuer ses fonctions pendant le déchargement jusqu’au désarmement du James-Cook. Cela n’exigerait que quelques jours, et les deux frères pourraient demeurer à bord. Cela ne les empêcherait pas de chercher un navire à destination de l’Europe, et M. Hawkins les tiendrait au courant des départs maritimes.

Karl et Pieter Kip acceptèrent volontiers la proposition de l’armateur qui, dès le lendemain, les mettrait en rapport avec sa maison de commerce.

Le premier soin de Karl Kip fut de mander l’officier de port, afin de prendre des mesures en ce qui concernait Flig Balt et ses complices.

Cet officier ne tarda pas à se présenter, et apprenant qu’il y avait eu révolte à bord du brick dans les conditions que l’on sait :

« Le maître d’équipage est aux fers ?… demanda-t-il.

— Avec deux des matelots qui avaient été recrutés à Dunedin, répondit Karl Kip.

— Et le reste des hommes ?…