Karl Kip s’inclina sans répondre.
« Oui… je vous remercie, reprît l’armateur, en mon nom et au nom de tout l’équipage…
— Je n’ai fait que ce que tout marin eût fait à ma place, répondit Karl Kip. Je ne mérite aucun remerciement pour cela… et je vais remettre le commandement au capitaine…
— Non, déclara M. Hawkins d’une voix ferme que tous purent entendre. D’accord avec Nat Gibson, je vous prie de conserver le commandement de notre navire… »
Karl Kip voulant refuser d’un gesto, M. Hawkins reprit :
« À celui qui l’a sauvé de le conduire !… À vous, capitaine Kip, de le ramener à Hobart-Town ! »
Cependant Flig Balt, au dernier degré de la colère, s’avança vers M. Hawkins et protesta en ces termes :
« Vous m’avez nommé capitaine du James-Cook, et j’ai la prétention de le rester jusqu’à l’arrivée à destination…
— Balt, répondit M. Hawkins, dont la résolution était irrévocablement prise, il n’y a de capitaine que celui dont je fais choix, comme armateur et propriétaire de ce navire… J’ai jugé que vous n’étiez pas à la hauteur de vos fonctions… Désormais, c’est le capitaine Kip qui est le maître à bord… maître après Dieu…
— Je ferai valoir mes droits devant les autorités maritimes à Hobart-Town… répliqua Flig Balt.
— Comme il vous plaira, répondit l’armateur.
— J’ai été régulièrement nommé, et…
— Assez, Flig Balt, dit Karl Kip, Pas une parole de plus !… À votre poste !… Quant à vous, matelots, je compte sur votre dévouement et votre obéissance ! »
Ainsi finit le commandement de l’ex-maître d’équipage, ainsi lui échappa cette dernière chance de s’emparer du bâtiment. Dès cet instant, les matelots comprirent qu’ils avaient affaire à un capi-