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L’ASSASSINAT.

Et alors M. Hamburg de dire :

« Vous le voyez, c’est avec une arme indigène que le coup a été porté… un de ces kriss à lame dentelée dont se servent les naturels. »

Deux clichés furent obtenus avec une extrême précision. L’un reproduisait la poitrine d’Harry Gibson, l’autre sa tête. Ses yeux étaient encore largement ouverts, et M. Hawkins les referma ensuite. IL fut convenu que ces photographies seraient laissées entre les mains de M. Hamburg pour son enquête. Quant aux clichés, que conserverait M. Hawkins, ils lui serviraient à tirer d’autres épreuves. L’image de son malheureux ami, mort à Kerawara, serait rapportée dans sa ville natale.

IL fallut, dans l’après-midi, procéder à la mise en bière. Les obsèques se feraient le lendemain matin. Une place fut choisie dans le petit cimetière de Kerawara. C’eût été trop tarder que d’attendre le retour à Port-Praslin pour creuser la fosse destinée à recevoir le corps.

Cette triste journée s’acheva au milieu de la désolation générale. Vint la nuit, que Nat Gibson, étouffé de sanglots, passa sans avoir pu trouver un instant de sommeil.

Le lendemain, les funérailles eurent le concours de toute la population anglaise et allemande de Kerawara. Le pavillon du James-Cook étant en berne, les autres navires hissèrent le leur à mi-mât eu signe de deuil.

Le cercueil, recouvert du drapeau national, fut porté par quatre hommes du brick. Nat Gibson, le gouverneur, M. Hawkins, M. Zieger marchaient derrière, suivis de Flig Balt et du reste de l’équipage auquel s’étaient joints les matelots des autres bâtiments.

Le missionnaire anglican, précédant le cercueil, récitait les prières liturgiques.

Le funèbre cortège atteignit le cimetière, et là, devant la tombe,