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LES FRÈRES KIP

car la décomposition s’opère rapidement sons ce brûlant climat des Tropiques.

Le missionnaire qui se trouvait alors à Kerawara vint s’agenouiller et prier près de la victime.

M. Zieger reconduisit à bord Nat Gibson qui, dans un inquiétant état de prostration, resta couché sur le cadre de sa cabine.

Entre temps, M. Hamburg ne cessait de prendre des renseignements de nature à le mettre sur la trace des meurtriers. Après qu’il eut ramené MM. Hawkins et Zieger à la factorerie, il s’entretint avec eux à ce sujet, et lorsqu’ils lui demandèrent quels pouvaient, à son avis, être les auteurs du crime :

« Assurément des indigènes, répondit-il.

— Pour voler le pauvre M. Gibson ?… demanda M. Hawkins.

— Oui… Ils auront appris qu’il devait rapporter une somme d’argent… ils l’auront guetté, suivi dans la forêt, attaque, dépouillé…

— Mais comment les découvrir ?… dit M. Zieger.

— Ce sera presque impossible, déclara M. Hamburg. Sur quels indices s’appuyer pour commencer les recherches ?…

— Il y aurait une chose à faire, observa M. Zieger, ce serait de photographier la plaie faite par l’arme du meurtrier, et, si l’on retrouvait cette arme, peut-être apprendrait-on à qui elle appartenait…

— Vous avez raison, répondit M. Hamburg, et je demande à monsieur Hawkins de procéder à cette opération.

— Oui… oui ! approuva M. Hawkins, dont l’émotion faisait trembler la voix, et que ce crime affreux ne reste pas impuni ! »

M. Zieger alla chercher l’appareil à bord et revint quelques minutes après. La poitrine du capitaine Gibson mise à nu, on fit un nouvel examen très minutieux de la blessure. Elle ne mesurait qu’un demi-pouce de largeur, et, d’un côté, ses bords présentaient une dentelure, comme si la peau eut été sciée.