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LES FRÈRES KIP

— Comme vous dites, mon cher Gibson ! » répondit M. Zieger.

Le capitaine devait retourner à bord du James-Cook dès que le déjeuner serait terminé. Il n’aimait pas s’absenter, bien qu’il eût confiance en son maître d’équipage. Sa grande crainte était toujours d’être embarrassé par des désertions nouvelles, et il faisait peu de fond sur les matelots recrutés à Dunedin.

Et, de fait, la question fut encore reprise ce jour-là par Len Cannon dans une conversation que ses camarades et lui eurent avec Flig Balt et Vin Mod. Ils en revenaient toujours à leur résolution de débarquer. En vain Vin Mod employait-il son éloquence en faisant intervenir le gibet, suivant son habitude… Il ne parvenait point à les persuader… Ces entêtés persistaient à vouloir quitter le bord.

« Enfin, dit-il, à bout d’arguments, ce n’est pas le navire qui vous déplaît ?…

— Si, répondit Len Cannon, du moment qu’il est commandé par son capitaine…

— Et si ce capitaine venait à disparaître ?…

— C’est la vingtième fois que tu nous chantes ce refrain, Mod, riposta le matelot Kyle, et nous voici à Port-Praslin, et dans trois semaines on en repartira pour Hobart-Town…

— Où nous ne voulons pas aller, dit Bryce.

— Et, déclara Sexton, nous sommes décidés à filer dès ce soir.

— Attendez au moins quelques jours, dit alors Flig Balt… jusqu’au départ du brick !… On ne sait ce qui peut arriver…

— Et puis, observa Vin Mod, déserter, c’est très bien… mais qu’est-ce que vous deviendrez ici ? »

En ce moment, le mousse Jim, qui se défiait de ces conciliabules entre le maître d’équipage et les recrues, s’approcha du groupe. Flig Balt, qui l’aperçut, lui cria aussitôt :

— Que fais-tu là, mousse ?…

— Je venais pour le déjeuner…