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À TRAVERS LA LOUISIADE.

Le lendemaint le vent, qui avait fraîchi au lever du jour, tomba soudain, La mer prit une apparence huileuse, Comme les nuages se dissipèrent vers dix heures, il fallait s’attendre à subir une haute température, ces parages étant situés à dix degrés seulement de l’Équateur, et le mois de novembre correspondant au mois de mai de l’hémisphère septentrional.

Un peu avant midi, par le travers de Vile d’Entrecasteaux laissée sur bâbord, la vigie signala l’approche d’une pirogue. Cette embarcation venait probablement de la grande terre, après avoir contourné le sud de l’île, et marchait en direction du James-Cook, immobilisé par le calme.

Dès que Karl Kip eut aperçu la pirogue, il dit à M. Hawkins :

« Ou je me trompe fort, ou cette embarcation cherche à nous accoster…

_ Je le crois comme vous », répondit l’armateur.

M. Gibson, son fils, et Pieter Kip, sortis du rouf, se dirigèrent sur l’avant.

La pirogue, faite d’écorce d’arbre, non munie de balancier, était de petite dimension Elle marchait à la pagaie, sans trop de hâte, manœuvrant entre les têtes de roches qui s’étendent au sud-est de l’ile d’Entrecasteaux.

Dès qu’il l’eut observée avec sa longue-vue :

« Elle n’est montée que par deux hommes, déclara M. Gibson.

— Deux hommes ?… répéta M. Hawkins. Eh bien, si leur intention est de venir à bord, je ne crois pas qu’il y ait grand inconvénient à les recevoir…

— Et je serais curieux, ajouta Nat Gibson, d’examiner d’un peu près le type papoua…

— Laissons approcher, répondit le capitaine, Dans dix minutes, la pirogue sera bord à bord, et nous saurons ce que veulent ces indigènes.