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LES FRÈRES KIP

l’Océanie, auquel ne manquent ni les bois précieux, ni l’or, ni les perles de grande valeur.

Il n’était pas question que le James-Cook visitât les points principaux de la Nouvelle-Guinée, le havre Dori, le golfe Mac Cluer, la baie Geelwink, la baie Ilumboldt, la baie du Triton, où les Hollandais ont quelques établissements. Il se contenterait de doubler le cap Rodney, à l’extrémité la plus orientale de la grand île, en prenant du large, afin d’éviter ses innombrables récifs.

Cela se fit dans la journée du 15 novembre De cette distance on put apercevoir la chaîne de l’Astrolabe, élevée de trois à quatre mille pieds, et les pitons qui la dominent, le Simpson, le Sucking. Puis, sous une voilure réduite, rapidement manœuvrable, toujours prête à être masquée ou éventée, le brick donna dans cette mer hérissée d’écueils, comprise entre l’archipel des Salomon et la longue pointe que la Papouasie détache vers le sud-est.

Il n’y avait aucun navire en vue, aucune embarcation indigène ne se montrait de ce côté.

Pendant la nuit, tout le monde à bord s’imposa une extrême vigilance. Les hautes voiles avaient été carguées, bien que la brise fût molle, et le James-Cook ne navigua que sous ses deux huniers, sa trinquette, son grand foc et sa brigantine.

Au delà du cap Rodney, des feux assez nombreux furent aperçus le long de la côte, au revers de la pointe papouasienne et sur l’île d’Entrecasteaux, qu’un détroit de quelques milles sépare du cap, L’obscurité était profonde, le temps couvert. Pas une étoile au ciel. Une heure après le coucher du soleil, le croissant de la lune avait disparu derrière les nuages de l’horizon.

Peut-être, entre onze heures et minuit, les hommes de quart entrevirent-ils quelques pirogues à proximité du James-Cook ; mais ils n’auraient pu l’affirmer. Dans tous les cas, il n’y eut pas lieu de se mettre sur la défensive et la nuit s’écoula sans incidents.