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LA MER DE CORAIL.

Eux aussi, Flig Balt, Vin Mod, Len Cannon et ses camarades observaient cette ils, mais dans une tout autre disposition d’esprit. Pouvaient-ils oublier qu’elle renfermait plusieurs centaines de condamnés dont ils eussent volontiers introduit une demi-douzaine à bord ?…

« Il y a là, répétait Vin Mod, un tas de braves gens qui ne demanderaient pas mieux que de s’emparer d’un bon navire pour courir le Pacifique !… Si seulement quelques-uns avaient l’idée de s’enfuir cette nuit… si leur embarcation accostait le brick… s’ils se précipitaient sur le pont sans en demander la permission ni à M. Hawkins ni au capitaine… nous aurions vite fait de nous entendre avec eux…

— Sans doute, répondit Len Cannon, mais cela n’arrivera pas. »

Cela n’arriva pas, en effet. D’ailleurs, le cas échéant, à moins qu’ils n’y fussent montés par surprise, des fugitifs de Nouméa n’eussent pas été accueillis comme l’avaient été les naufragés de la Wilhelmina. Un honnête navire ne favorise pas l’évasion de criminels !…

Le lendemain, 8, si la Nouvelle-Calédonie déroulait encore sa partie septentrionale, les derniers récifs qui s’étendent d’une centaine de lieues vers le nord furent laissés en arrière dans l’après-midi, et le James-Cook donnait à pleines voiles à travers la mer de Corail,

En une dizaine de jours, avec belle brise, le brick pourrait avoir franchi la distance de neuf cents milles qui sépare la Nouvelle-Calédonie de la Nouvelle-Irlande*

Cette mer de Corail est peut-être, au dire des navigateurs, l’une des plus dangereuses du globe. Sur une étendue de deux degrés en latitude, au-dessus et au-dessous de sa surface, elle est hérissée de pointes madréporiques, barrée de bancs de coraux, sillonnée