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LES FRÈRES KIP

— Alors… ce serait moi ?… demanda le maître d’équipage.

— Non… pas même vous, Flig Balt.

— Et qui donc ?…

— Le nouveau capitaine du James-Cook.

— Comment… le nouveau capitaine ?… dit le maître d’équipage.

— Qu’entends-tu par là, Mod ?… reprit Len Cannon.

— J’entends, répondît Vin Mod, qu’on doit être au moins capitaine pour pouvoir causer avec ces beaux messieurs Kip… Et alors, il faudrait… et tant que cela ne sera pas…

— Et quoi donc ?… s’écria Flig Balt, impatienté de ces réticences.

— Il faudrait, répéta Vin Mod, une circonstance… oui… j’en reviens toujours à mon idée… Une supposition… M, Gibson tombe à la mer… pendant la nuit… un accident… Qui commanderait à bord ?… Évidemment maître liait… L’armateur et le garçon ne connaissent rien en marine… et alors, au lieu de conduire le brick à Port-Praslin… et surtout de le ramener à Hobart-Town… enfin qui sait ?… »

Puis, sans autrement insister et ne voulant pas encore renoncer au projet primitif, le matelot ajouta :

« Vraiment, c’est avoir eu trop de mauvaise chance !… Une première fois, cet aviso qui reste par notre travers !… Une deuxième, M. Hawkins et Nat Gibson qui embarquent à Wellington !… Une troisième, ces deux Hollandais qui prennent passage à bord !… Quatre hommes de plus… juste autant que nous en avons racolé à Dunedin dans la taverne des Three-Magpies… Des bons, ceux-là… Les voilà maintenant huit contre nous six… et huit bouts de corde je leur souhaite ! »

Flig Balt écoutait toujours plus qu’il ne parlait. Nul doute que cette perspective de commander le navire ne fût de nature à le