Page:Verne - Les Frères Kip, Tome I et II, 1903.djvu/111

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
99
EN VUE DE L’ÎLE NORFOLK.

lin, qui vit dans l’eau, court les grèves et saute sur les roches avec des mouvements de sarigue ou de kangourou.

Il était sept heures. Le soleil venait de disparaître, et sa dernière lueur empourprée s’éteignait à la pointe du Pitt-Mount.

« Monsieur Nat, dit Wickley, n’est-il pas temps de retourner à bord ?…

— C’est prudent, ajouta Hobbes. Il se lève parfois, le soir, une petite brise de terre, et, si le brick peut en profiter, il ne faut pas le faire attendre.

— Rentrez les lignes, répondit le jeune homme, et retournons au James-Cook. Mais je crains bien de ne point rapporter à M. Hawkins le vent qu’il m’a commandé…

— Non, déclara Hobbes, pas de quoi remplir un béret !…

— Du côté du large, aucun nuage ne se lève…, ajouta Wickley.

— Débordons… », ordonna Nat Gibson.

Mais, avant de s’éloigner du banc, il se leva à barrière de l’embarcation et parcourut du regard toute la bordure des récifs qui s’arrondissait autour de la pointe du nord-est. La disparition de la goélette dont on n’avait plus de nouvelles lui revenait à l’esprit… N’apercevrait-il pas quelque débris de la Wilhelmina, quelque épave que les courants auraient portée vers l’île ?… Ne pouvait-il se faire que, la coque du bâtiment n’ayant pas été entièrement démolie, une partie de la carcasse fut encore visible au nord ou au sud de la pointe ?…

Aussi les deux matelots observèrent-ils la côte sur une étendue du plusieurs milles. Ce fut inutilement. Ils ne virent aucun reste de la goélette signalée par le steamer.

Wickley et Hobbes allaient donc se mettre aux avirons, lorsque, sur une des roches détachées du littoral, Nat Gibson crut distinguer une forme humaine. Comme il s’en trouvait à une distance d’environ un mille, et au moment où le crépuscule commençait à obscurcir