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— Eh bien ! on a passé par cette route !

— Oui, mais on n’y passera plus. Le dernier tremblement de terre l’a rendue impraticable…

— Aux mulets, répondit le major, mais non aux hommes.

— Ah ! ceci vous regarde, répondit le catapaz, j’ai fait ce que j’ai pu. Mes mules et moi, nous sommes prêts à retourner en arrière, s’il vous plaît de revenir sur vos pas et de chercher les autres passages de la Cordillère.

— Et ce sera un retard ?…

— De trois jours, au moins. »

Glenarvan écoutait en silence les paroles du catapaz. Celui-ci était évidemment dans les conditions de son marché. Ses mules ne pouvaient aller plus loin. Cependant, quand la proposition fut faite de rebrousser chemin, Glenarvan se retourna vers ses compagnons, et leur dit :

« Voulez-vous passer quand même ?

— Nous voulons vous suivre, répondit Tom Austin.

— Et même vous précéder, ajouta Paganel. De quoi s’agit-il, après tout ? de franchir une chaîne de montagnes, dont les versants opposés offrent une descente incomparablement plus facile ! Cela fait, nous trouverons les baqueanos argentins qui nous guideront à travers les Pampas, et des chevaux rapides habitués à galoper dans les plaines. En avant donc, et sans hésiter.

— En avant ! s’écrièrent les compagnons de Glenarvan.

— Vous ne nous accompagnez pas ? demanda celui-ci au catapaz.

— Je suis conducteur de mules, répondit le muletier.

— À votre aise.

— On se passera de lui, dit Paganel ; de l’autre côté de cette muraille, nous retrouverons les sentiers d’Antuco, et je me fais fort de vous conduire au bas de la montagne aussi directement que le meilleur guide des Cordillères. »

Glenarvan régla donc avec le catapaz, et le congédia, lui, ses péons et ses mules. Les armes, les instruments et quelques vivres furent répartis entre les sept voyageurs. D’un commun accord, on décida que l’ascension serait immédiatement reprise, et que, s’il le fallait, on voyagerait une partie de la nuit. Sur le talus de gauche serpentait un sentier abrupt que des mules n’auraient pu franchir. Les difficultés furent grandes, mais après deux heures de fatigues et de détours, Glenarvan et ses compagnons se retrouvèrent sur le passage d’Antuco.

Ils étaient alors dans la partie andine proprement dite qui n’est pas éloignée de l’arête supérieure des Cordillères ; mais de sentier frayé, de