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rochers ; il cherchait sur la pierre friable des traces d’Indiens. Toute orientation devenait impossible.



Glenarvan suivait son guide pas à pas ; il comprenait, il sentait son embarras croissant avec les difficultés du chemin ; il n’osait l’interroger et pensait, non sans raison peut-être, qu’il en est des muletiers comme de l’instinct des mulets, et qu’il vaut mieux s’en rapporter à lui.

Pendant une heure encore, le catapaz erra pour ainsi dire à l’aventure, mais toujours en gagnant des zones plus élevées de la montagne. Enfin il fut forcé de s’arrêter court. On se trouvait au fond d’une vallée de peu de largeur, une de ces gorges étroites que les Indiens appellent « quebradas. » Un mur de porphyre, taillé à pic, en fermait l’issue. Le catapaz, après avoir cherché vainement un passage, mit pied à terre, se croisa les bras, et attendit. Glenarvan vint à lui.

« Vous vous êtes égaré ? demanda-t-il.

— Non, mylord, répondit le catapaz.

— Cependant, nous ne sommes pas dans le passage d’Antuco ?

— Nous y sommes.

— Vous ne vous trompez pas ?

— Je ne me trompe pas. Voici les restes d’un feu qui a servi aux Indiens, et voilà les traces laissées par les troupeaux de juments et de moutons.