Page:Verne - Les Enfants du capitaine Grant.djvu/82

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Il est temps, dit enfin lord Edward.

— Allez donc, mon ami ! » répondit lady Helena en contenant son émotion.

Lord Glenarvan la pressa sur son cœur, tandis que Robert se jetait au cou de Mary Grant.

« Et maintenant, chers compagnons, dit Jacques Paganel, une dernière poignée de main qui nous dure jusqu’aux rivages de l’Atlantique ! »

C’était beaucoup demander. Cependant il y eut là des étreintes capables de réaliser les vœux du digne savant.

On remonta sur le pont, et les sept voyageurs quittèrent le Duncan. Bientôt ils atteignirent le quai, dont le yacht en évoluant se rapprocha à moins d’une demi-encablure.

Lady Helena, du haut de la dunette, s’écria une dernière fois :

« Mes amis, Dieu vous aide !

— Et il nous aidera, Madame, répondit Jacques Paganel, car, je vous prie de le croire, nous nous aiderons nous-mêmes !

— En avant ! cria John Mangles à son mécanicien.

— En route ! » répondit lord Glenarvan.

Et à l’instant même où les voyageurs, rendant la bride à leur monture, suivaient le chemin du rivage, le Duncan, sous l’action de son hélice, reprenait à toute vapeur la route de l’Océan.


CHAPITRE XI


TRAVERSÉE DU CHILI.



La troupe indigène organisée par Glenarvan se composait de trois hommes et d’un enfant. Le muletier-chef était un Anglais naturalisé dans ce pays depuis vingt ans. Il faisait le métier de louer des mulets aux voyageurs et de les guider à travers les différents passages des Cordillères. Puis, il les remettait entre les mains d’un « baqueano, » guide argentin, auquel le chemin des Pampas était familier. Cet Anglais n’avait pas tellement oublié sa langue maternelle dans la compagnie des mulets et des Indiens qu’il ne pût s’entretenir avec les voyageurs. De là, une facilité pour la manifestation de ses volontés et l’exécution de ses ordres, dont Glenarvan s’empressa de profiter, puisque Jacques Paganel ne parvenait pas encore à se faire comprendre.