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« Au surplus, cela ne m’étonne pas de la part de Jacques Paganel, dit Glenarvan ; il est fort cité pour de pareilles mésaventures. Un jour, il a publié une célèbre carte d’Amérique, dans laquelle il avait mis le Japon. Cela ne l’empêche pas d’être un savant distingué, et l’un des meilleurs géographes de France.


— Mais qu’allons-nous faire de ce pauvre monsieur ? dit lady Helena. Nous ne pouvons l’emmener en Patagonie.

— Pourquoi non ? répondit gravement Mac Nabbs ; nous ne sommes pas responsables de ses distractions. Supposez qu’il soit dans un train de chemin de fer, le ferait-il arrêter ?

— Non, mais il descendrait à la station prochaine, reprit lady Helena.

— Eh bien, dit Glenarvan, c’est ce qu’il pourra faire, si cela lui plaît, à notre prochaine relâche. »

En ce moment, Paganel, piteux et honteux, remontait sur la dunette, après s’être assuré de la présence de ses bagages à bord. Il répétait incessamment ces mots malencontreux : le Duncan ! le Duncan ! Il n’en eût pas trouvé d’autres dans son vocabulaire. Il allait et venait, examinant la mâture du yacht, et interrogeant le muet horizon de la pleine mer. Enfin il revint vers lord Glenarvan.

« Et ce Duncan va ?… dit-il.

— En Amérique, monsieur Paganel.

— Et plus spécialement ?…

— À Concepcion.