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du capitaine grant.

n’avaient point paru, et ces féroces cannibales ne le menacèrent même pas dans ses rêves. Il en témoigna toute sa satisfaction à Glenarvan.

« Je pense donc, lui-dit-il, que cette petite promenade s’achèvera sans encombre. Ce soir, nous aurons atteint le confluent du Waipa et du Waikato, et, ce point dépassé, une rencontre d’indigènes est peu à craindre sur la route d’Auckland.

— Quelle distance avons-nous à parcourir, demanda Glenarvan, pour atteindre le confluent du Waipa et du Waikato ?

— Quinze milles, à peu près le chemin que nous avons fait hier.

— Mais nous serons fort retardés si ces interminables taillis continuent à obstruer les sentiers.

— Non, répondit Paganel, nous suivrons les rives du Waipa, et là, plus d’obstacles, mais un chemin facile, au contraire.

— Partons donc, » répondit Glenarvan, qui vit les voyageuses prêtes à se mettre en route.

Pendant les premières heures de cette journée, les taillis retardèrent encore la marche. Ni chariot ni chevaux n’eussent passé où passèrent les voyageurs. Leur véhicule australien fut donc médiocrement regretté. Jusqu’au jour où des routes carrossables seront percées à travers ses forêts de plantes, la Nouvelle-Zélande ne sera praticable qu’aux seuls piétons. Les fougères, dont les espèces sont innombrables, concourent avec la même obstination que les Maoris à la défense du sol national.

La petite troupe éprouva donc mille difficultés à franchir les plaines où se dressent les collines d’Hakarihoata. Mais, avant midi, elle atteignit les rives du Waipa et remonta sans peine vers le nord par les berges de la rivière.

C’était une charmante vallée, coupée de petits creeks aux eaux fraîches et pures, qui couraient joyeusement sous les arbrisseaux. La Nouvelle-Zélande, suivant le botaniste Hooker, a présenté jusqu’à ce jour deux mille espèces de végétaux, dont cinq cents lui appartiennent spécialement. Les fleurs y sont rares, peu nuancées, et il y a disette presque absolue de plantes annuelles, mais abondance de filicinées, de graminées et d’ombellifères.

Quelques grands arbres s’élevaient çà et là hors des premiers plans de la sombre verdure, des « métrosideros » à fleurs écarlates, des pins de Norfolk, des thuyas aux rameaux comprimés verticalement, et une sorte de cyprès, le « rimu, » non moins triste que ses congénères européens ; tous ces troncs étaient envahis par de nombreuses variétés de fougères.

Entre les branches des grands arbres, à la surface des arbrisseaux, voltigeaient et bavardaient quelques kakatoès, le « kakariki » vert, avec une