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quand lord Glenarvan, sa femme et miss Grant remontèrent sur le pont. L’étranger les aperçut, et s’écria :

« Ah ! des passagers ! des passagères ! Parfait. J’espère, monsieur Burdness, que vous allez me présenter… »

Et s’avançant avec une parfaite aisance, sans attendre l’intervention de John Mangles :

« Madame, dit-il à miss Grant, miss, dit-il à lady Helena, Monsieur, ajouta-t-il en s’adressant à lord Glenarvan…

— Lord Glenarvan, dit John Mangles.

— Mylord, reprit alors l’inconnu, je vous demande pardon de me présenter moi-même ; mais à la mer, il faut bien se relâcher un peu de l’étiquette ; j’espère que nous ferons rapidement connaissance, et que dans la compagnie de ces dames la traversée du Scotia nous paraîtra aussi courte qu’agréable. »

Lady Helena et miss Grant n’auraient pu trouver un seul mot à répondre. Elles ne comprenaient rien à la présence de cet intrus sur la dunette du Duncan.

« Monsieur, dit alors Glenarvan, à qui ai-je l’honneur de parler ?

— À Jacques-Éliacin-François-Marie Paganel, secrétaire de la Société de Géographie de Paris, membre correspondant des Sociétés de Berlin, de Bombay, de Darmstadt, de Leipzig, de Londres, de Pétersbourg, de Vienne, de New-York, membre honoraire de l’Institut royal géographique et ethnographique des Indes orientales, qui, après avoir passé vingt ans de sa vie à faire de la géographie de cabinet, a voulu entrer dans la science militante, et se dirige vers l’Inde pour y relier entre eux les travaux des grands voyageurs. »


CHAPITRE VII


D’OÙ VIENT ET OÙ VA JACQUES PAGANEL.


Le secrétaire de la Société de Géographie devait être un aimable personnage, car tout cela fut dit avec beaucoup de grâce. Lord Glenarvan, d’ailleurs, savait parfaitement à qui il avait affaire ; le nom et le mérite de Jacques Paganel lui étaient parfaitement connus ; ses travaux géographiques, ses rapports sur les découvertes modernes insérés aux bulletins de la Société, sa correspondance avec le monde entier, en faisaient l’un des savants les