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les enfants

Le 5 janvier suivant, les principaux chefs zélandais furent appelés chez le résident anglais au village de Païa. Le capitaine Hobson chercha à obtenir leur soumission, disant que la reine avait envoyé des troupes et des vaisseaux pour les protéger, que leurs droits restaient garantis, que leur liberté demeurait entière. Toutefois, leurs propriétés devaient appartenir à la reine Victoria, à laquelle ils étaient obligés de les vendre.

La majorité des chefs, trouvant la protection trop chère, refusa d’y acquiescer. Mais les promesses et les présents eurent plus d’empire sur ces sauvages natures que les grands mots du capitaine Hobson, et la prise de possession fut confirmée.

Depuis cette année 1840 jusqu’au jour où le Duncan quitta le golfe de la Clyde, que se passa-t-il ? Rien que ne sût Jacques Paganel, rien dont il ne fût prêt à instruire ses compagnons.

« Madame, répondit-il aux questions de lady Helena, je vous répéterai ce que j’ai déjà eu l’occasion de dire, c’est que les Néo-Zélandais forment une population courageuse qui, après avoir cédé un instant, résiste pied à pied aux envahissements de l’Angleterre. Les tribus des Maoris sont organisées comme les anciens clans de l’Écosse. Ce sont autant de grandes familles qui reconnaissent un chef très-soucieux d’une complète déférence à son égard. Les hommes de cette race sont fiers et braves, les uns grands, aux cheveux lisses, semblables aux Maltais ou aux Juifs de Bagdad et de race supérieure, les autres plus petits, trapus, pareils aux mulâtres, mais tous robustes, hautains et guerriers. Ils ont eu un chef célèbre nommé Hihi, un véritable Vercingétorix. Vous ne vous étonnerez donc pas si la guerre avec les Anglais s’éternise sur le territoire d’Ika-Na-Maoui, car là se trouve la fameuse tribu des Waikatos, que William Thompson entraîne à la défense du sol.

— Mais les Anglais, demanda John Mangles, ne sont-ils pas maîtres des principaux points de la Nouvelle-Zélande ?

— Sans doute, mon cher John, répondit Paganel. Après la prise de possession du capitaine Hobson, devenu depuis gouverneur de l’île, neuf colonies se sont peu à peu fondées, de 1840 à 1862, dans les positions les plus avantageuses. De là, neuf provinces, quatre dans l’île du nord, les provinces d’Auckland, de Taranaki, de Wellington et de Hawkes-Bay ; cinq dans l’île du sud, les provinces de Nelson, de Marlborough, de Canterbury, d’Otago et de Southland, avec une population générale de cent quatre-vingt mille trois cent quarante-six habitants, au 30 juin 1864. Des villes importantes et commerçantes se sont élevées de toutes parts. Quand nous arriverons à Auckland, vous serez forcés d’admirer sans