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Quand cet énigmatique personnage vit ses tentatives déjouées par l’indifférence du major, il saisit sa longue-vue, qui dans son plus grand développement mesurait quatre pieds de longueur, et, immobile, les jambes écartées, semblable au poteau d’une grande route, il braqua son instrument sur cette ligne où le ciel et l’eau se confondaient dans un même horizon ; après cinq minutes d’examen, il abaissa sa longue-vue, et, la posant sur le pont, il s’appuya dessus comme il eût fait d’une canne ; mais aussitôt les compartiments de la lunette glissèrent l’un sur l’autre, elle rentra en elle-même, et le nouveau passager, auquel le point d’appui manqua subitement, faillit s’étaler au pied du grand mât.


Tout autre eût au moins souri à la place du major. Le major ne sourcilla pas. L’inconnu prit alors son parti.

« Stewart, » cria-t-il, avec un accent qui dénotait un étranger.

Et il attendit. Personne ne parut.

« Stewart, » répéta-t-il d’une voix plus forte.

Mr. Olbinett passait en ce moment, se rendant à la cuisine située sous le gaillard d’avant. Quel fut son étonnement de s’entendre ainsi interpellé par ce grand individu qu’il ne connaissait pas.

« D’où vient ce personnage ? se dit-il. Un ami de lord Glenarvan ? C’est impossible. »