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et il le fera, s’il le faut ! Partons, Edward ! Allons à la recherche du capitaine Grant ! »

À ces hardies paroles, lord Glenarvan avait tendu les bras à sa jeune femme ; il souriait, il la pressait sur son cœur, tandis que Mary et Robert lui baisaient les mains.

Et, pendant cette scène touchante, les serviteurs du château, émus et enthousiasmés, laissaient échapper de leur cœur ce cri de reconnaissance :

« Hurrah pour la dame de Luss ! hurrah ! trois fois hurrah pour lord et lady Glenarvan ! »


CHAPITRE V


LE DÉPART DU DUNCAN.


Il a été dit que lady Helena avait une âme forte et généreuse. Ce qu’elle venait de faire en était une preuve indiscutable. Lord Glenarvan fut à bon droit fier de cette noble femme, capable de le comprendre et de le suivre. Cette idée de voler au secours du capitaine Grant s’était déjà emparée de lui, quand, à Londres, il vit sa demande repoussée ; s’il n’avait pas devancé lady Helena, c’est qu’il ne pouvait se faire à la pensée de se séparer d’elle. Mais, puisque lady Helena demandait à partir elle-même, toute hésitation cessait. Les serviteurs du château avaient salué de leurs cris cette proposition ; il s’agissait de sauver des frères, des Écossais comme eux, et lord Glenarvan s’unit cordialement aux hurrahs qui acclamaient la dame de Luss.

Le départ résolu, il n’y avait pas une heure à perdre. Le jour même, lord Glenarvan expédia à John Mangles l’ordre d’amener le Duncan à Glasgow, et de tout préparer pour un voyage dans les mers du Sud qui pouvait devenir un voyage de circumnavigation. D’ailleurs, en formulant sa proposition, lady Helena n’avait pas trop préjugé des qualités du Duncan ; construit dans des conditions remarquables de solidité et de vitesse, il pouvait impunément tenter un voyage au long cours.

C’était un yacht à vapeur du plus bel échantillon ; il jaugeait deux cent dix tonneaux, et les premiers navires qui abordèrent au Nouveau-Monde,