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— Dans quelle proportion s’est accrue la production de l’or depuis la découverte de ces mines ? demanda John Mangles.

— Dans une proportion énorme, mon cher John. Cette production n’était que de quarante-sept millions par an au commencement du siècle, et actuellement, en y comprenant le produit des mines d’Europe, d’Asie et d’Amérique, on l’évalue à neuf cents millions, autant dire un milliard.

— Ainsi, monsieur Paganel, dit le jeune Robert, à l’endroit même où nous sommes, sous nos pieds, il y a peut-être beaucoup d’or ?

— Oui, mon garçon, des millions ! Nous marchons dessus, c’est que nous le méprisons !

— C’est donc un pays privilégié que l’Australie ?

— Non, Robert, répondit le géographe. Les pays aurifères ne sont point privilégiés. Ils n’enfantent que des populations fainéantes, et jamais les races fortes et laborieuses. Vois le Brésil, le Mexique, la Californie, l’Australie ! Où en sont-ils au dix-neuvième siècle ? Le pays par excellence, mon garçon, ce n’est pas le pays de l’or, c’est le pays du fer ! »


CHAPITRE XV

AUSTRALIAN AND NEW-ZEALAND GAZETTE.


Le 2 janvier, au soleil levant, les voyageurs franchirent la limite des régions aurifères et les frontières du comté de Talbot. Le pied de leurs chevaux frappait alors les poudreux sentiers du comté de Dalhousie. Quelques heures après, ils passaient à gué la Colban et la Campaspe-rivers par 144° 35’ et 144° 45’ de longitude. La moitié du voyage était accomplie. Encore quinze jours d’une traversée aussi heureuse, et la petite troupe atteindrait les rivages de la baie Twofold.

Du reste, tout le monde était bien portant. Les promesses de Paganel, relativement à cet hygiénique climat, se réalisaient. Peu ou point d’humidité, et une chaleur très supportable. Les chevaux et les bœufs ne s’en plaignaient point. Les hommes, pas davantage.

Une seule modification avait été apportée à l’ordre de marche depuis Camden-Bridge. La criminelle catastrophe du railway, lorsqu’elle fut connue d’Ayrton, l’engagea à prendre quelques précautions, jusque-là fort inutiles. Les chasseurs durent ne point perdre le chariot de vue. Pendant les heures de campement, l’un d’eux fut toujours de garde. Matin et