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les voyageurs, leurs bagages et des provisions pour dix-huit mois.

« L’expédition devait se rendre au golfe de Carpentarie, sur la côte septentrionale, en suivant d’abord la rivière Cooper. Elle franchit sans peine les lignes du Murray et du Darling, et arriva à la station de Menindié, sur la limite des colonies.

« Là, on reconnut que les nombreux bagages étaient très-embarrassants. Cette gêne et une certaine dureté de caractère de Burke mirent la mésintelligence dans la troupe. Landells, le directeur des chameaux, suivi de quelques serviteurs indous, se sépara de l’expédition, et revint sur les bords du Darling. Burke poursuivit sa route en avant. Tantôt par de magnifiques pâturages largement arrosés, tantôt par des chemins pierreux et privés d’eau, il descendit vers le Cooper’s-creek. Le 20 novembre, trois mois après son départ, il établissait un premier dépôt de provisions au bord de la rivière.

« Ici, les voyageurs furent retenus quelque temps sans trouver une route praticable vers le nord, une route où l’eau fût assurée. Après de grandes difficultés, ils arrivèrent à un campement qu’ils nommèrent le fort Wills. Ils en firent un poste entouré de palissades, situé à mi-chemin de Melbourne au golfe de Carpentarie. Là, Burke divisa sa troupe en deux parts. L’une, sous les ordres de Brahe, dut rester au fort Wills pendant trois mois et plus, si les provisions ne lui manquaient pas, et attendre le retour de l’autre. Celle-ci ne comprit que Burke, King, Gray et Wills. Ils emmenaient six chameaux. Ils emportaient pour trois mois de vivres, c’est-à-dire trois quintaux de farine, cinquante livres de riz, cinquante livres de farine d’avoine, un quintal de viande de cheval séchée, cent livres de porc salé et de lard, et trente livres de biscuit, le tout pour faire un voyage de six cents lieues, aller et retour.

« Ces quatre hommes partirent. Après la pénible traversée d’un désert pierreux, ils arrivèrent sur la rivière d’Eyre, au point extrême atteint par Sturt, en 1845, et, remontant le cent quarantième méridien aussi exactement que possible, ils pointèrent vers le nord.

« Le 7 janvier, ils passèrent le tropique sous un soleil de feu, trompés par des mirages décevants, souvent privés d’eau, quelquefois rafraîchis par de grands orages, trouvant çà et là quelques indigènes errants dont ils n’eurent point à se plaindre ; en somme, peu gênés par les difficultés d’une route que ne barraient ni lacs, ni fleuves, ni montagnes.

« Le 12 janvier, quelques collines de grès apparurent vers le nord, entre autres le mont Forbes, et une succession de chaînes granitiques, qu’on appelle des « ranges ». Là, les fatigues furent grandes. On avançait à peine. Les animaux refusaient de se porter en avant : « Toujours