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Puissent se réaliser les espérances que je vous ai laissé concevoir ! Jusqu’au retour de lord Glenarvan, vous demeurerez au château…

— Madame, répondit la jeune fille, je ne voudrais pas abuser de la sympathie que vous témoignez à des étrangers…

— Étrangers ! chère enfant ; ni votre frère ni vous, vous n’êtes des étrangers dans cette maison, et je veux qu’à son arrivée lord Glenarvan apprenne aux enfants du capitaine Grant ce que l’on va tenter pour sauver leur père. »

Il n’y avait pas à refuser une offre faite avec tant de cœur. Il fut donc convenu que miss Grant et son frère attendraient à Malcolm-Castle le retour de lord Glenarvan.


CHAPITRE IV

UNE PROPOSITION DE LADY GLENARVAN.

Pendant cette conversation, lady Helena n’avait point parlé des craintes exprimées dans les lettres de lord Glenarvan sur l’accueil fait à sa demande par les commissaires de l’Amirauté. Pas un mot non plus ne fut dit touchant la captivité probable du capitaine Grant chez les Indiens de l’Amérique méridionale. À quoi bon attrister ces pauvres enfants sur la situation de leur père et diminuer l’espérance qu’ils venaient de concevoir ? Cela ne changeait rien aux choses. Lady Helena s’était donc tue à cet égard, et, après avoir satisfait à toutes les questions de miss Grant, elle l’interrogea à son tour sur sa vie, sur sa situation dans ce monde où elle semblait être la seule protectrice de son frère.

Ce fut une touchante et simple histoire qui accrut encore la sympathie de lady Glenarvan pour la jeune fille.

Miss Mary et Robert Grant étaient les seuls enfants du capitaine. Harry Grant avait perdu sa femme à la naissance de Robert, et pendant ses voyages au long cours, il laissait ses enfants aux soins d’une bonne et vieille cousine. C’était un hardi marin que le capitaine Grant, un homme sachant bien son métier, bon navigateur et bon négociant tout à la fois, réunissant ainsi une double aptitude précieuse aux skippers de la marine marchande. Il habitait la ville de Dundee, dans le comté de Perth, en Écosse. Le capitaine Grant était donc un enfant du pays. Son père, un ministre de Sainte-Katrine Church, lui avait donné une