Après un contrôle attentif, les îles Amsterdam furent évincées à leur tour. Aucun mot, entier ou non, français, anglais ou allemand, ne s’appliquait à ce groupe de l’océan Indien.
« Nous arrivons maintenant à l’Australie, reprit Paganel ; le trente-septième parallèle rencontre ce continent au cap Bernouilli ; il en sort par la baie Twofold. Vous conviendrez comme moi, et sans forcer les textes, que le mot anglais stra et le mot français austral peuvent s’appliquer à l’Australie. La chose est assez évidente pour que je n’insiste pas. »
Chacun approuva la conclusion de Paganel. Ce système réunissait toutes les probabilités en sa faveur.
« Allons au delà, dit le major.
— Allons, répondit le géographe, le voyage est facile. En quittant la baie Twofold, on traverse le bras de mer qui s’étend à l’est de l’Australie et on rencontre la Nouvelle-Zélande. Tout d’abord, je vous rappellerai que le mot contin du document français indique un « continent » d’une façon irréfragable. Le capitaine Grant ne peut donc avoir trouvé refuge sur la Nouvelle-Zélande, qui n’est qu’une île. Quoi qu’il en soit, examinez, comparez, retournez les mots, et voyez si, par impossible, ils pourraient convenir à cette nouvelle contrée.
— En aucune façon, répondit John Mangles, qui fit une minutieuse observation des documents et du planisphère.
— Non, dirent les auditeurs de Paganel, et le major lui-même, non, il ne peut s’agir de la Nouvelle-Zélande.
— Maintenant, reprit le géographe, sur tout cet immense espace qui sépare cette grande île de la côte américaine, le trente-septième parallèle ne traverse qu’un îlot aride et désert.
— Qui se nomme ?… demanda le major.
— Voyez la carte. C’est Maria-Thérésa, nom dont je ne trouve aucune trace dans les trois documents.
— Aucune, répondit Glenarvan.
— Je vous laisse donc, mes amis, à décider si toutes les probabilités, pour ne pas dire les certitudes, ne sont point en faveur du continent australien ?
— Évidemment, répondirent à l’unanimité les passagers et le capitaine du Duncan.
— John, dit alors Glenarvan, vous avez des vivres et du charbon en suffisante quantité ?
— Oui, Votre Honneur, je me suis amplement approvisionné à Talcahuano, et d’ailleurs, la ville du Cap nous permettra de renouveler très-facilement notre combustible.