Page:Verne - Les Enfants du capitaine Grant.djvu/197

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— En sortant de l’Australie… »

Cette dernière phrase ne fut pas achevée. Le géographe hésitait-il ? Le savant ne savait-il plus ? Non ; mais un cri formidable, une exclamation violente se fit entendre dans les hauteurs de l’ombu. Glenarvan et ses amis pâlirent en se regardant. Une nouvelle catastrophe venait-elle d’arriver ? Le malheureux Paganel s’était-il laissé choir ? Déjà Wilson et Mulrady volaient à son secours, quand un long corps apparut. Paganel dégringolait de branche en branche. Était-il vivant ? Était-il mort ? On ne savait, mais il allait tomber dans les eaux mugissantes, quand le major, d’un bras vigoureux, l’arrêta au passage.

« Bien obligé, Mac Nabbs, s’écria Paganel.

— Quoi ? qu’avez-vous ? dit le major. Qu’est-ce qui vous a pris ? Encore une de vos éternelles distractions ?

— Oui ! oui ! répondit Paganel d’une voix étranglée par l’émotion. Oui ! une distraction… phénoménale cette fois !

— Laquelle ?

— Nous nous sommes trompés ! Nous nous trompons encore ! Nous nous trompons toujours !

— Expliquez-vous !

— Glenarvan, major, Robert, mes amis, s’écria Paganel, vous tous qui m’entendez, nous cherchons le capitaine Grant où il n’est pas !

— Que dites-vous ? s’écria Glenarvan.

— Non-seulement où il n’est pas, ajouta Paganel, mais encore où il n’a jamais été ! »


CHAPITRE XXIV


OÙ L’ON CONTINUE DE MENER LA VIE DES OISEAUX.


Un profond étonnement accueillit ces paroles inattendues. Que voulait dire le géographe ? Avait-il perdu l’esprit ? Il parlait cependant avec une telle conviction, que tous les regards se portèrent sur Glenarvan. Cette affirmation de Paganel était une réponse directe à la question qu’il venait de poser. Mais Glenarvan se borna à faire un geste de dénégation qui ne prouvait pas en faveur du savant.

Cependant celui-ci, maître de son émotion, reprit la parole.