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— Voyons ! voyons ! mon cher Edward, » s’écria lady Glenarvan.

Il était difficile de procéder d’une autre façon, et quoi qu’il en eût, lord Glenarvan se décida à briser le goulot de la précieuse bouteille. Il fallut employer le marteau, car l’enveloppe pierreuse avait acquis la dureté du granit. Bientôt ses débris tombèrent sur la table, et l’on aperçut plusieurs fragments de papiers adhérents les uns aux autres. Glenarvan les retira avec précaution, les sépara, et les étala devant ses yeux, pendant que lady Helena, le major et le capitaine se pressaient autour de lui.


CHAPITRE II


LES TROIS DOCUMENTS.


Ces morceaux de papier, à demi détruits par l’eau de mer, laissaient apercevoir quelques mots seulement, restes indéchiffrables de lignes presque entièrement effacées. Pendant quelques minutes, lord Glenarvan les examina avec attention ; il les retourna dans tous les sens ; il les exposa à la lumière du jour ; il observa les moindres traces d’écriture respectées par la mer ; puis il regarda ses amis qui le considéraient d’un œil anxieux.

« Il y a là, dit-il, trois documents distincts, et vraisemblablement trois copies du même document traduit en trois langues, l’un anglais, l’autre français, le troisième allemand. Les quelques mots qui ont résisté ne me laissent aucun doute à cet égard.

— Mais au moins, ces mots présentent-ils un sens ? demanda lady Glenarvan.

— Il est difficile de se prononcer, ma chère Helena ; les mots tracés sur ces documents sont fort incomplets.

— Peut-être se complètent-ils l’un par l’autre ? dit le major.

— Cela doit être, répondit John Mangles ; il est impossible que l’eau de mer ait rongé ces lignes précisément aux mêmes endroits, et en rapprochant ces lambeaux de phrase, nous finirons par leur trouver un sens intelligible.

— C’est ce que nous allons faire, dit lord Glenarvan, mais procédons avec méthode. Voici d’abord le document anglais. »