— Gauchos, répondit le Patagon.
— Des Gauchos ! reprit Paganel, en se tournant vers ses compagnons, des Gauchos ! Alors nous n’avions pas besoin de prendre tant de précautions ! Il n’y avait rien à craindre !
— Pourquoi cela ? dit le major.
— Parce que les Gauchos sont des paysans inoffensifs.
— Vous croyez, Paganel ?
— Sans doute. Ceux-ci nous ont pris pour des voleurs et ils se sont enfuis.
— Je crois plutôt qu’ils n’ont pas osé nous attaquer, répondit Glenarvan, très-vexé de n’avoir pu communiquer avec ces indigènes, quels qu’ils fussent.
— C’est mon avis, dit le major, car, si je ne me trompe, loin d’être inoffensifs, les Gauchos sont, au contraire, de francs et redoutables bandits.
— Par exemple ! » s’écria Paganel.
Et il se mit à discuter vivement cette thèse ethnologique, si vivement même, qu’il trouva moyen d’émouvoir le major, et s’attira cette répartie peu habituelle dans les discussions de Mac Nabbs :
« Je crois que vous avez tort, Paganel.
— Tort ? répliqua le savant.
— Oui. Thalcave lui-même a pris ces Indiens pour des voleurs, et Thalcave sait à quoi s’en tenir.
— Eh bien, Thalcave s’est trompé cette fois, riposta Paganel avec une certaine aigreur. Les Gauchos sont des agriculteurs, des pasteurs, pas