Page:Verne - Les Enfants du capitaine Grant.djvu/131

Cette page a été validée par deux contributeurs.

la gousse renferme une pulpe sucrée, agréable et rafraîchissante ; puis, quelques bouquets de térébinthes, des « chanares, » des genêts sauvages, et toute espèce d’arbres épineux dont la maigreur trahissait déjà l’infertilité du sol.

Le 26, la journée fut fatigante. Il s’agissait de gagner le Rio-Colorado. Mais les chevaux, excités par leurs cavaliers, firent une telle diligence, que le soir même, par 69° 45′ de longitude, ils atteignirent le beau fleuve des régions pampéennes. Son nom indien, le Cobu Leubu, signifie « grande rivière, » et après un long parcours, il va se jeter dans l’Atlantique. Là, vers son embouchure, se produit une particularité curieuse, car alors la masse de ses eaux diminue en s’approchant de la mer, soit par imbibition, soit par évaporation, et la cause de ce phénomène n’est pas encore parfaitement déterminée.

En arrivant au Colorado, le premier soin de Paganel fut de se baigner « géographiquement » dans ses eaux colorées par une argile rougeâtre. Il


fut surpris de les trouver aussi profondes, résultat uniquement dû à la fonte des neiges sous le premier soleil de l’été. De plus, la largeur du fleuve était assez considérable pour que les chevaux ne pussent le traverser à la nage. Fort heureusement, à quelques centaines de toises en amont, se trouvait un pont de clayonnage soutenu par des lanières de cuir et suspendu à la mode indienne. La petite troupe put donc passer le fleuve et camper sur la rive gauche.

Avant de s’endormir, Paganel voulut prendre un relèvement exact du Colorado, et il le pointa sur sa carte avec un soin particulier, à défaut du