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Robert. Celui-ci tendit les bras vers l’indigène, qui, sans prononcer une parole, lui mit la main sur la tête. Il examina l’enfant et palpa ses membres endoloris. Puis, souriant, il alla cueillir sur les bords du rio quelques poignées de céleri sauvage dont il frotta le corps du malade. Sous ce massage fait avec une délicatesse infinie, l’enfant sentit ses forces renaître, et il fut évident que quelques heures de repos suffiraient à le remettre.

On décida donc que cette journée et la nuit suivante se passeraient au campement. Deux graves questions, d’ailleurs, restaient à résoudre, touchant la nourriture et le transport. Vivres et mulets manquaient également. Heureusement, Thalcave était là. Ce guide habitué à conduire les voyageurs le long des frontières patagones, et l’un des plus intelligents baqueanos du pays, se chargea de fournir à Glenarvan tout ce qui manquait à sa petite troupe. Il lui offrit de le conduire à une « tolderia » d’Indiens, distante de quatre milles au plus, où se trouveraient les choses nécessaires à l’expédition. Cette proposition fut faite moitié par gestes, moitié en mots espagnols que Paganel parvint à comprendre. Elle fut acceptée. Aussitôt, Glenarvan et son savant ami, prenant congé de leurs compagnons, remontèrent le rio sous la conduite du Patagon.

Ils marchèrent d’un bon pas pendant une heure et demie, et à grandes enjambées pour suivre le géant Thalcave. Toute cette région andine était


charmante et d’une opulente fertilité. Les gras pâturages se succédaient l’un à l’autre, et eussent nourri sans peine une armée de cent mille ruminants. De larges étangs liés entre eux par l’inextricable lacet des rios procuraient à ces plaines une verdoyante humidité. Des cygnes à tête noire