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EXPLICATION À COUPS DE FUSIL

« Il faut qu’ils soient plusieurs derrière cette planche ! » s’écria Octave, assez humilié de ce résultat.

Il appliqua son œil au trou de vrille, et, presque aussitôt, il poussa un cri de surprise :

« Il y a un second géant !

— Arminius ? » répondit Marcel.

Et il regarda à son tour par le trou de vrille.

« Oui ! c’est Arminius, le collègue de Sigimer ! »

Tout à coup, une autre voix, qui semblait venir du ciel, fit lever la tête à Marcel.

« Wer da ? » disait la voix.

C’était celle d’Arminius, cette fois.

La tête du gardien dépassait la crête de la muraille, qu’il devait avoir atteinte à l’aide d’une échelle.

« Allons, vous le savez bien, Arminius ! répondit Marcel. Voulez-vous ouvrir, oui ou non ? »

Il n’avait pas achevé ces mots que le canon d’un fusil se montra sur la crête du mur. Une détonation retentit, et une balle vint raser le bord du chapeau d’Octave.

« Eh bien, voilà pour te répondre ! » s’écria Marcel, qui, introduisant un saucisson de dynamite sous la porte, la fit voler en éclats.

À peine la brèche était-elle faite, que Marcel et Octave, la carabine au poing et le couteau aux dents, s’élancèrent dans le parc.

Contre le pan du mur, lézardé par l’explosion, qu’ils venaient de franchir, une échelle était encore dressée, et, au pied de cette échelle, on voyait des traces de sang. Mais ni Sigimer ni Arminius n’étaient là pour défendre le passage.

Les jardins s’ouvraient devant les deux assiégeants dans toute la splendeur de leur végétation. Octave était émerveillé.

« C’était magnifique !… dit-il. Mais attention !… Déployons nous en tirailleurs !… Ces mangeurs de choucroute pourraient bien s’être tapis derrière les buissons ! »

Octave et Marcel se séparèrent, et, prenant chacun l’un des côtés de l’allée qui s’ouvrait devant eux ils avancèrent avec prudence, d’arbre en arbre, d’obstacle en obstacle, selon les principes de la stratégie individuelle la plus élémentaire.

La précaution était sage. Ils n’avaient pas fait cent pas, qu’un second coup