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DEUX FRANÇAIS CONTRE UNE VILLE

Toutes choses avaient gardé la physionomie d’un mouvement suspendu, d’une vie interrompue brusquement.

Les deux jeunes gens arrivèrent à la limite intérieure du Bloc Central et se trouvèrent bientôt au pied de la muraille qui devait, dans la pensée de Marcel, les séparer du parc.

« Est-ce qu’il va falloir encore faire danser ces moellons-là ? lui demanda Octave.

— Peut-être… mais, pour entrer, nous pourrions d’abord chercher une porte qu’une simple fusée enverrait en l’air. »

Tous deux se mirent à tourner autour du parc en longeant la muraille. De temps à autre, ils étaient obligés de faire un détour, de doubler un corps de bâtiment qui s’en détachait comme un éperon, ou d’escalader une grille. Mais ils ne la perdaient jamais de vue, et ils furent bientôt récompensés de leurs peines. Une petite porte, basse et louche, qui interrompait le muraillement, leur apparut.

En deux minutes, Octave eut percé un trou de vrille à travers les planches de chêne. Marcel, appliquant aussitôt son œil à cette ouverture, reconnut, à sa vive satisfaction, que, de l’autre côté, s’étendait le parc tropical avec sa verdure éternelle et sa température de printemps.

« Encore une porte à faire sauter, et nous voilà dans la place ! dit-il à son compagnon.

— Une fusée pour ce carré de bois, répondit Octave, ce serait trop d’honneur ! »

Et il commença d’attaquer la poterne à grands coups de pic.

Il l’avait à peine ébranlée, qu’on entendit une serrure intérieure grincer sous l’effort d’une clé, et deux verrous glisser dans leurs gardes.

La porte s’entrouvrit, retenue en dedans par une grosse chaîne.

« Wer da ? » (Qui va là ?) dit une voix rauque.